Une crise sociale liée à l’implantation de lignes à haute tension dans le paysage coréen.

L’histoire terrible de Miryang commence comme ça…

C’est l’histoire de Miryang (prononcer Myliang), une ville qui grandit, grandit, dans un pays qui grandit, grandit et ne voit plus que de grands buildings en ciment sortir de terre pour remplacer les maisons traditionnelles, des appareils de musculation fleurir les chemins et parcs remplaçant les arbres et bush naturels et enfin des lignes à haute tension compléter la vue des paysages de montagne et remplacer les champs et la terre nourricière pour rassasier les besoins en électricité d’une population toujours plus connectée.

En 2005, pour remplacer une partie des usines de charbon, la première centrale nucléaire est construite à Guri et est agrémentée de 95 km de lignes à haute tension, les plus puissantes au monde : 765 KV (d’après les professionnels du nucléaire coréen). En effet, dans ce projet, la Corée teste la construction et mise en place de telles structures afin de revendre son savoir-faire plus tard à l’étranger. Interdiction de s’approcher à plus de 10m des câbles sous peine de subir de graves dommages corporels et impossibilité de faire pousser quoi que ce soit à proximité des sites à haute tension à cause des champs magnétiques.

Le problème, c’est que ce collier de tours de transmission qui traverse le pays passe au travers de champs appartenant à de vieux agriculteurs coréens et très près de villages. Les champs sont donc réquisitionnés par l’Etat grâce à la loi qui l’y autorise en cas de grand projet de construction comme des autoroutes, des ponts, des barrages etc. L’indemnisation reversée aux propriétaires des champs (et seulement aux propriétaires, et non aux exploitants) est de 30 % du prix du marché seulement.

La raison qui amène les tours près de Miryang est une politesse à un “homme important” qui ne souhaitait pas que les tours traversent son village comme prévu dans les plans initiaux et a donc détourné la route de l’énergie pour mieux faire passer les tours par chez ses voisins.

A ce stade du développement, beaucoup de tromperies, mensonges, secrets et magouilles commencent à créer un sentiment d’injustice chez les agriculteurs de Miryang. Tout le monde veut des explications, arrêter la progression de la construction des tours et éventuellement des excuses de la part des personnes gérant ce projet. Les agriculteurs décident alors de construire une maison de défense autour du site de construction et de s’y enchaîner.

En 2008, la police s’en mêle et 3000 policiers viennent faire une opération musclée pour déloger les agriculteurs (principalement des personnes âgées) et détruire la maison de défense.

En 2012, un homme s’immole de désespoir en espérant faire entendre sa souffrance, les médias se saisissent de l’affaire mais il est trop tard, les travaux sont trop avancés, la construction de la tour 765 KV est achevée en 2014.

Aujourd’hui, seulement la moitié des villageois touchés par la construction de cette ligne à haute tension ont été dédommagés ce qui continue de créer des tensions et des incompréhensions chez les agriculteurs. La vie a repris à Miryang mais le combat face au gouvernement, aux compagnies d’exploitation d’énergie et au nucléaire ne fait que commencer.